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Impacts de l'Effet de Serre en  FRANCE

La France est-elle relativement épargnée par le réchauffement actuel ?

Bien sur que non. En effet une étude de Climpact (aidé de nombreux experts français et internationaux (1)) et datée de 2005, nous expose les effets de ce changement climatique en France. Cette étude, basée notamment sur les différents scénarios d'émissions dans les années futures proposés par le GIEC, permet dans un premier temps de décrire les impacts actuels et futurs en France puis de détailler par secteur les impacts du réchauffement climatique à l'avenir.

Contexte actuel du réchauffement climatique en France

(Jean-Marc Moisselin – Météo France)

Depuis 1900, la température en France a augmenté de 0,1°C par décennie. A la fin du siècle dernier, le réchauffement en France s'est accéléré de 0,6°C par décennie sur la période 1976-2003. De plus entre 1951 et 2000, on constate que les étés furent de plus en plus chauds et qu'il y eut de moins en moins de jour de gel en hiver. Par conséquent, il semble qu'il y ait de plus en plus de vagues de chaleurs en été (et donc de sécheresses) et moins de vagues de froid en hiver. L'évolution des précipitations est plus contrastée mais elle montre une augmentation sur les 2/3 Nord du territoire avec des contrastes saisonniers marqués, en hausse en hiver et en baisse en été.

Prévisions futures du réchauffement climatique en France

(Serge Planton - Météo France)

Les prévisions sont dépendantes des scénarios d'émissions futures. Toutefois quel que soit le scénario considéré, il est très probable que les vagues de chaleurs en été seront plus fréquentes, plus longues et plus intenses. De même, il est probable que les fortes précipitations augmenteront en hiver et que les périodes de sécheresse seront plus longues en été.
Les changements futurs en France dépendront de l'amplitude du réchauffement planétaire. Ainsi selon le scénario B2, la température moyenne en France augmenterait de 2°C à 2,5°C entre la fin du 20ème et la fin du 21ème siècle, les précipitations augmenteraient faiblement en hiver et diminueraient plus fortement en été (de 5 à 25%) tandis que selon le scénario A2, les changements climatiques seraient beaucoup plus conséquents avec un réchauffement plus important (3°C à 3,5°), un assèchement plus prononcé en été (de 20 à 35%) et surtout un effet augmenté avec les événements extrêmes. En particulier, un été sur deux de la fin de siècle (2070-99) serait au moins aussi chaud que l'été 2003.

Impact sur la ressource en eau

(Pierre Chevallier - Institut de Recherche pour le Développement et Institut Languedocien de recherche sur l'Eau et l'Environnement)

Les modélisations réalisées sur les trois grands bassins français (Rhône, Seine et Garonne) indiquent une tendance à une diminution des débits des cours d'eau d'ici 2100. Au niveau local et sur des durées courtes (de la journée au mois), les augmentations attendues de la fréquence et l'intensité des événements climatiques (précipitations, températures) peuvent voir leurs impacts sur la ressource en eau amplifiés lorsqu'elles sont combinées à des situations locales particulières telles qu'une crue rapide, une inondation, une sécheresse ou une pollution.

Impacts sur la couverture neigeuse

(Eric Martin - Météo France)

Les études de modélisation suggèrent qu'un réchauffement de 2°C par rapport aux conditions moyennes de 1980-90, aurait des effets significatifs sur les conditions d'enneigement à moyenne altitude (1500 à 2500m) et à un degré moindre à haute altitude (au delà de 2500m). Ainsi, à 1500m on passerait de 5 à 4 mois d'enneigement dans les Alpes du Nord et de 3 à 2 mois dans les Alpes du Sud et les Pyrénées. On constaterait une diminution de 40 à 50% du manteau neigeux. En altitude l'enneigement serait réduit d'une douzaine de jours. En cas de réchauffement plus important les hautes altitudes commenceraient à être fortement touchées. Les modifications de la couverture neigeuse devraient également impliquer des modifications sur les débits des rivières de montagne, sur la végétation à haute altitude et sur l'enneigement des stations de sport d'hiver. Les études récentes suggèrent une plausible remise en cause des stations de sports d'hiver de moyenne montagne à l'avenir.

Impacts sur les glaciers alpins

(Christian Vincent - Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l'Environnement)

Depuis 1840, les glaciers alpins sont globalement en recul. De plus, depuis 1982 le recul s'est accéléré sous l'effet du réchauffement climatique. Les glaciers alpins ont aujourd'hui régressé à un niveau encore jamais atteint au cours des quatre derniers siècles. Ceux dont les sommets sont situés à des altitudes inférieures à 2900 m sont condamnés à disparaître car ils ne sont pas en équilibre avec le climat actuel. Ceux situés au-dessus de 2 900 m connaîtront des changements variables selon l'amplitude du réchauffement à venir. Ainsi pour un réchauffement supérieur à 1°C les glaciers alpins connaîtront des retraits importants. Dans le cas d'un réchauffement supérieur à 3°C la plupart des glaciers français seront réduit à néant et seuls les plus hauts glaciers du massif du Mont Blanc pourraient résister tout en perdant de la superficie et de la longueur.

Impacts sur les forêts

(Denis Loustau et Jean-Luc Dupouey - Institut National de la Recherche Agronomique)

Mis à part les effets des événements de 1999 (tempêtes) et 2003-2005 (canicule et sécheresses), la forêt française a vu sa productivité s'accroître continuellement depuis 40 ans et sa surface s'étendre. Cependant des modifications sont à prévoir à l'avenir. Ainsi on peut s'attendre à des variations géographiques importantes et d'ici 2050 le Nord sera relativement avantagé alors que le Sud sera plus menacé. La production des forêts peut être remise en cause dans les régions les plus exposées à de futures sécheresses telles que le Sud et l'Ouest. Il faut prendre en compte une évolution forte des principales maladies affectant les arbres forestiers en lien avec les changements climatiques, dues à une amplification de l'impact des parasites thermophiles favorisés par les stress hydriques et l'apparition de nouvelles maladies.

Impacts sur l'agriculture

(Bernard Seguin - Institut National de la Recherche Agronomique)

Actuellement, on relève peu d'évolution significative dans les systèmes de production et dans les pratiques de cultures, indiquant que le système a été capable d'absorber le réchauffement encore limité de l'ordre de 1°C.
Au-delà des 2 à 3°C, le rendement des productions ne sera pas affecté mais on peut s'attendre à une accentuation du déplacement géographique des aires, en accompagnement d'un bouleversement du paysage. Les arbres fruitiers pourraient être exposés à des risques de gel accrus au moment de la floraison. Sous réserve d'impacts éventuels sur les mauvaises herbes et la santé des plantes, des effets plutôt positifs sont à attendre dans le Nord. C'est donc dans la partie Sud que devraient apparaître des effets négatifs, qui peuvent prendre une grande ampleur dans le cas de sécheresses répétées et persistantes. Le problème de la compétition pour l'eau deviendrait primordial.

Impacts sur la santé

(Jean-Pierre Besancenot - Laboratoire Climat et Santé, Faculté de Médecine de l'Université de Dijon)

Un réchauffement modéré (2°C en moyenne annuelle) aurait des effets bénéfiques en hiver, mais entraînerait une légère augmentation de la mortalité en été tandis qu'un réchauffement plus important (< 3°C en moyenne annuelle) n'abaisserait pas davantage la mortalité en saison froide, mais il l'accentuerait en saison chaude au point de la rendre prépondérante sur l'année.

Impacts sur le tourisme

(Jean Paul Céron - Centre de Recherche Interdisciplinaire en Droit de l'Environnement, de l'Aménagement et de l'Urbanisme et Ghislain Dubois - Tourisme, Transports, Territoires, Environnement Conseil)

Le tourisme serait plus perturbé par des événements climatiques extrêmes que par une augmentation des températures s'étalant sur une longue période. Les impacts les plus marquant pourraient être le manque de neige, particulièrement en moyenne montagne, et le recul des plages et une forte concurrence pour les ressources en eau nécessaires aux activités de loisirs (région méditerranéenne).

Impacts sur l'économie

(Jean Charles Hourcade - Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement)

L'adaptation et les dédommagements liés aux dégâts environnementaux vont avoir un coût très important. Ce coût sera supérieur aux mesures qui pourraient être prises dans les années futures par le gouvernement pour enrayer les émissions de CO2 (cf les Enjeux Economiques).
Téléchargez le rapport

(1) Parmi les experts présents : Jean Jouzel, directeur de recherches au CEA, et directeur de l'Institut Pierre Simon Laplace de l'Environnement Global (IPSL) et Hervé Le Treut, directeur du Laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD), participant à la rédaction du 4ème rapport du GIEC ainsi que Harilaos Loukos, Président et Directeur scientifique de Climpact et expert auprès de l'Union Européenne pour l'évaluation des projets européens de recherche sur le climat.

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